Raison de ce blog dit Bwa Kay "Il-Ment" : Origine du mensonge Bwa Kay Iman


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                             (Li li an Kreyòl)       (English Version


Auteur : Rodney Salnave
Fonction : Dougan (Scribe)
Date : 27 août 2016
(Mise à jour: 10 sept. 2017)

Ayibobo,

En 1990 et 1991, les colonialistes français ont cherché à saboter le 200e anniversaire de la cérémonie du Bois Caïman qui, en 1791, a contribué à l'indépendance face à la France, de la jadis colonie de Saint-Domingue (Haïti).
3 intellectuels français (Leon-François Hoffmann, Gérard Barthélémy et Charlie Najman) ont été sollicités. Ils furent attribués la mission de fomenter la désinformation historique.

En 1990, Léon-François Hoffmann a commencé par affirmer que Bois Caïman - cérémonie où un cochon noir a été sacrifié - n'a jamais eu lieu. (1) (mais peu de temps après, l'historien David Geggus démentit Hoffmann grâce à des faits solides démontrant indéniablement que cette cérémonie du Bois Caïman a bel et bien eu lieu.) (2)

Gérard Barthélémy, pour sa part, a mis en avant que la cérémonie du Bois Caïman a sûrement eu lieu, toutefois, elle a été l'oeuvre de Mandingues musulmans. (3)

Enfin, en 1990 et 1991, le cinéaste Charlie Najman a visité Haïti afin de remplir sa mission de répandre la fausseté d'une cérémonie du Bois Caïman musulmane. Dans le Nord du pays, il a déniché Gustave Augustin, un houngan (chef spirituel traditionnel), surnommé «Tante Margo» en raison de son habitude à se travestir. Gustave Augustin déclara à Najman que Boukman (le maître de la cérémonie du Bois Caïman), Cécile Fatiman et tas d'autres participants héroïques de cette cérémonie, étaient du Vodou. (4) Najman n'a pas jugé bon publier ce qu'il répliqua à Gustave Augustin. Quoi qu'il en soit, nous savons que, suite à l'entretien avec le Français Najman, le discours de Gustave Augustin a changé. En 1996 (novembre), lors de la visite en Haïti de Papa Sossa Guedehoungue,* un représentant de la religion vodun du Bénin, Gustave Augustin - accompagné d'un entourage - s'est contredit en affirmant que Boukman n'a jamais été un leader Vodou, mais qu'il fut au contraire un musulman; et que, en outre, Bois Caïman (Bwa Kayiman en Créole) se disait véritablement "Bwa Kay Iman", pour signifier une maison (au Morne Rouge) où Boukman a vécu en tant qu'«Iman» ou prêtre musulman. (5) (Il ignore que Boukman n'a jamais résidé au Morne Rouge, mais au Limbé (habitation Turpin), puis à L'Accul-du-Nord (habitation Clément); et ce, jusqu'au 22 Août, 1791, date de l'insurrection générale).

Depuis lors (1996), le mensonge nommé Bwa Kay Iman s'est propagé en Haïti (radio, télévision, bouche à oreille, etc.), sans le soutien d'aucune preuve scientifique.

En 2000, la falsification dite Bwa Kay Iman a décollé quand Jean Saint-Vil alias Jafrikayiti a été le premier à la publier dans un livre. (6) (Mais cette même année, Jafrikayiti, qui présentait Bwa Kay Iman comme un fait historique, à dû avouer dans un forum qu'il a découvert Bwa Kay iman - non pas dans un manuel d'histoire ou en feuilletant les archives - mais plutôt dans un débat télévisuel haïtien en 1997/1998. Et d'ailleurs, il ne se souvenait même pas du nom de l'émission télé en question. (7) Pourtant, le manque de preuves historiques n'a pas empêché Jafrikayiti de poursuivre la diffusion du mensonge Bwa Kay Iman sur plusieurs plates-formes médiatiques; et durant plusieurs années. (8)

En 2003, un éditorial dans le journal haïtien L'Union de Port-au-Prince, a mis en avant que Boukman était un imam, et que le chef marron légendaire Macandal était un Mahdi, ce qui signifie un seigneur de la guerre islamique. (9) L'auteur n'a pas tenu compte que le premier Mahdi, Mohammed Ali, était un Egyptien qui, en 1820, a pris le pouvoir au Soudan avec principalement des soldats-esclaves noirs. (10) Et, il a :
"maintenu un monopole d'État sur la traite des esclaves en Egypte et au pachalik." (11) 
Il fallait attendre une intervention étrangère pour abolir l'esclavage au Soudan. Mais, le prochain Mahdi, Muhammad Ahmad ibn as Sayyid Abd Allah, après avoir chassé les Britanniques, rétabli dans son "Mahdiyah" (1884-1898), la coutume millénaire de l'esclavage musulman des Noirs. (12)

En 2006, alors en exil en Afrique du Sud, le président déchu Jean-Bertrand Aristide, dans une thèse de doctorat, (13) a présenté la fabulation "Bwa Kay Iman" comme un fait historique. Il n'a pas pris la peine de le démontrer scientifiquement. Ni n'a-t-il - comme on s'y attendrait d'une thèse de doctorat - fourni la source d'aucune de ses déclarations concernant Haïti ou l'histoire de ce pays. L'ancien prêtre catholique devenu président, mal à l'aise avec la nature du sacrifice de sang  ayant eu lieu au Bois Caïman, a déclaré qu'au lieu d'un cochon, un participant nommé Jean Viksamar [Vixamar] s'est ouvert les veines (à la manière du Christ) : 
"Sanpwèl : Non yon lwa petwo ki soti nan seremoni Bwa kay Iman. Pratikan yo di: «Tankou nan labib la, yon esklav yo te rele Jan Viksama ofri tèt li an sakrifis bay Bondye pou peyi a ka libere sot nan lesklavaj. Jezi te ofri tèt li nan plas yon mouton, Jan Viksama ofri tèt li nan plas yon kochon. Se pou sa yo di san pwèl.»" (14)
Traduction :
"Sanpwèl: Nom d'un esprit qui appartient au rite de Petwo Il est sorti de la cérémonie de Bwa kay Iman. Selon des adorateurs: "Comme dans la Bible où Jésus s'offert en sacrifice à la place d'un agneau, un esclave nommé Jean Viksamar s'est offert à la place d'un cochon, en sacrifice à Dieu pour libérer le pays de l'esclavage, d'où le sens du mot sanpwèl signifiant sans poils sur la peau.""
Ce que Jean-Bertrand Aristide a caché était que l'histoire de Vixamar - loin d'être connue ni propagée par des «adorateurs» traditionnels - est issue d'un oeuvre de fiction de 1993. Docteur Aristide n'a pas tenu compte du fait que Deita, l'auteur plagiée, titra son livre "La Légende des Loa du Vodou Haïtien" pour attirer l'attention sur la nature «légendaire» ou fictive de cet ouvrage dans lequel [la narratrice] rencontre et converse avec plusieurs héros haïtiens décédés, dont Boukman. En outre, elle (Deita) - qui a précisé plus tard ne pas être initiée dans le Vodou (15) - a écrit que l'histoire de Jean Baptiste Vixamar Legrand provint d'une réunion Bizango [société initiatique secrète] dans laquelle un Lwa (Esprit) par le nom de Vixamar dit (en français) qu'il se sacrifia en 1791 à Bois Caiman:
"Ce récit a été fait en français au cours d'une cérémonie de Bissango, le locuteur avait parlé à la 3ème personne. Le récit a été adapté à la 1ère personne." (16)
Apparemment, une telle spéculation surnaturelle consiste une preuve historique suffisante chez la médiocre, non concurrencée et pompeuse, intelligentsia haïtienne.

La même année (2006), houngan Max Beauvoir a régurgité l'hypothèse d'une personne se sacrifiant à la place d'un cochon. Il poursuivit en décrivant comment Boukman mena son service :
"Standing erect while directing the ceremony, Boukman Dutty invokes the Spirits as the people behind him beat on the drums. Through the sounds of these drums, the assembly was summonting the Spirits of the Ancestors, and inviting them to join and add their force to those of the living in these crucial moments of destiny. The asson or ritual gourd that Boukman holds in his hand, along with a bell, symbolizes the power that he exerts over the many forces of the universe..." (17)
Traduction :
"Se tenant droit en dirigeant la cérémonie, Boukman Dutty invoqua les Esprits alors que les gens derrière lui battaient du tambour. Du son du tambour, l'assemblée était chevauchée par les Esprits des Ancêtres, et les invita à joindre et à ajouter leur force à celles des vivants dans ces moments cruciaux du destin. Le asson ou gourde rituel que Boukman tint dans sa main, associé à une cloche, symbolise le pouvoir qu'il exerça sur les nombreux forces de l'univers..."
Mais M. Beauvoir s'est discrédité autant en tant que chercheur qu'à titre de praticien traditionnel, en ne prenant pas en considération les différences spirituelles régionales. Il a prouvé son histoire à être - loin d'un récit historique - mais simplement le fruit de son imagination occidentalisée, en plaçant un "asson" (ason, en créole haïtien) dans la main de Boukman, quand il n'y a pas et n'a jamais eu une telle pratique dans le nord de Haïti, où la cérémonie du Bois Caïman est survenue. Pour aggraver les choses, pas même dans l'Ouest et le Sud de Haïti, où la tradition ason existe, cet objet sacré aurait été utilisé pour un tel rituel - indépendamment qu'il aurait été une personne [non une pratique connue] ou un cochon de sacrifier.
 
Enfin, dans un blog de 2009 dédié à René Préval, président à l'époque, un blogueur haïtien surnommé "Our Voices", a posté un message qui diffère de celui des précédents promoteurs de "Bwa Kay Iman". Il a non seulement corrigé "Iman" par "Imam", mais a aussi argumenté que le 14 Août 1791, date de la cérémonie du Bois Caïman (plus précisément la réunion de Morne Rouge), a coïncidé avec la fête musulmane de l'Aid-el-Adha qui est tombée à la date du 14 Dhou Al-Hijja 1205 du calendrier lunaire islamique. (18) Selon la doctrine musulmane, la célébration de l'Aid-el-Adha suit le jeûne d'un mois du Ramadan; et exige un sacrifice de moutons. Mais le premier problème avec cette affirmation est que la fête musulmane de l'Aid-el-Adha est aussi appelée 10 Dhou Al-Hijja (pour signaler le dernier jour du mois arabe de Dhou Al-Hijja dans lequel un musulman est autorisé à faire un sacrifice de sang). Donc, le 14 Dhou Al-Hijja que le blogueur islamisé a étiré jusqu'au 14 Août, date de la réunion du Morne Rouge, est inexact. Le prochain souci concerne le fait que le sacrifice du porc n'a jamais eu lieu lors de la réunion du 14 Août au Morne Rouge, mais plutôt, lors d'une deuxième rencontre, d'après de nombreuses sources, y compris Herard-Dumesle qui révéla la "Prière de Boukman" : 
"Non loin de ce lieu [Morne Rouge] une autre assemblée offrait aux dieux [au pluriel, donc interdit par l'islam] un nouveau sacrifice : là on immola un porc [interdit], et une jeune vierge fut la Pythie [également interdit] qui consultât les entrailles palpitantes de la victime..." (19)
Herard-Dumesle, l'auteur de 1824, a également précisé que le sacrifice de sang a été engagé à la veille de l'insurrection générale :
"Le lendemain il était prés de minuit (du 22 au 23 août), lorsque le tocsin donna le signal des désastres. L'insurrection éclata avec une telle fureur, qu'elle offrit le spectacle le plus désolant." (20)
Donc, si l'insurrection générale a éclaté le soir du 22 Août, cela signifie que le sacrifice de sang de la veille a réellement a eu lieu, non pas le 14, mais plutôt le 21 Août 1791, soit 11 jours après la date limite du 10 Août qu'une fête musulmane aurait exigée. La dernière incohérence provient, non seulement du sacrifice de porc qui est fortement interdit par la doctrine musulmane, mais aussi en raison du fait que le coran interdit également la consommation de sang de toutes sortes (dont les participants à la cérémonie du Bois Caïman sont réputés pour avoir effectué) :
"Il vous a, en effet, interdit (la chair) de la bête morte, le sang, la chair de porc, et la bête sur laquelle un autre nom que celui d'Allah a été invoqué." (21) 
- et ce, peu importe que l'animal a consommé soit permis (halal) ou non. D'où la raison qu'un animal doit être complètement vidé de son sang pour être propre à la consommation musulmane. Et ironiquement, la réunion du 14 Août 1791 au Morne Rouge a eu lieu, non pas à cause de l'islam, mais en raison de la fête catholique de Notre Dame de l'Assomption (le saint patron de la colonie et également celui du Cap-Français, la capitale - présentement Cap-haïtien, situé à quelques kilomètres de Morne Rouge) qui tomba le lundi 15 Août, mais célébré le dimanche le plus proche qui a été le 14. Le 15 Août a également marqué le 121e anniversaire de la fondation du Cap. la raison pour laquelle un nombre estimé de 200 commandants de plantation, cochers et autres privilégiés dit "Noirs de Maison" ont eu la permission de se recueillir, le dimanche 14, ouvertement au Morne Rouge. Et ces élites plein de ressources, bien informés et bien branchés - dont Boukman, étant un cocher en faisait parti - conspiraient et risquaient leur statut privilégié, pour mener les masses à la seule révolution d'esclaves réussie dans l'histoire connue.

Via ce blog, nous visons à contrer le mensonge dit "Bay Kay Iman" à l'aide de preuves scientifiques. Bwa Kay "Il-Ment" est donc choisi comme titre de ce blog pour attirer l'attention sur la falsification historique qu'est Bwa Kay Iman.



* D'après "Atelier sur les plantes médicinales : valorisation, utilisation, législation et institutionalisation", Jacmel, 2000 ; un rapport d'atelier de l'association ZANTRAY (Zanfan Tradisyon Ayisyen) qui nous fut généreusement fourni par M. Serge Jovin, Président National ZANTRAY, à l'époque.



Notes
(1) Léon-François Hoffmann. "Histoire, mythe et idéologie: La Cérémonie du Bois Caïman." in: Études Créoles: Culture, langue, société, Vol 13. No1, 1990. pp.9-34. ; "Un mythe national: la cérémonie du Bois Caïman" in: Gérard Barthélémy & Christian A. Girault. La République haïtienne: état des lieux et perspectives. Paris, 1993. pp.434-448.
(2) David Geggus. "La cérémonie du Bois Caïman" in: Chemins Critiques, Vol. 2. No3, Mai, 1992. pp. 59-78.  
(3) Gérard Barthélémy. "Propos sur le Caïman: Incertitudes et hypothèses nouvelles" in: Chemins Critiques, Vol. 2. No3, Mai, 1992. pp.33-58.
(4) Charlie Najman. Haïti, Dieu Seul Me Voit. Paris, 1995. pp.186-187.
(5) André Gustave. "Haïti/Guerre de l’Indépendance: Bois-Caïman, On s’en souvient". Soumis par Daniel Daréus, August 20, 2012 . URL: http://radiotelevision2000.com/home/?p=20003 ; Consulté le 16 décembre 2015.
(6) Jafrikayiti. Viv Bondye Aba Relijyon. Otawa, 2000. pp.44-46
(7) "Bwa Kay Iman (sa gen 209 rekòt kafe)". Foròm 6 Septanm 2000. URL: http://www.windowsonhaiti.com/bbs/messages/789.html ; Consulté le 13 juillet 2016.
(8) Jean Saint-Vil. "Roots of “Black Lives Matter” in Bwa Kay Iman, Haiti (14-15 August 1791)". Global Research, August 16, 2016. URL: http://www.globalresearch.ca/roots-of-black-lives-matter-in-bwa-kay-iman-haiti-14-15-august-1791/5541083 ; Consulté le 26 août  2016.
(9) “Toussaint de tous les Saints”, Journal l'Union, Port-au-Prince 24 mars 2003. in: Charles Dupuis. Le Coin de l’histoire. Tome 4. Montreal, 2010. pp.37-38.
(10) Ignatius Pallme. Travels in Kordofan: Embracing a Description of that Province of Egypt, and of some of the bordering countries. Londres, 1844. pp.199-200.  
(11) Helen Chapin Metz (ed). Sudan: A country Study. 4th ed. Washington, 1992. p.17.
(12) Ibid. p.19.
(13) Jean-Bertrand Aristide. UMOYA WAMAGAMA (THE SPIRIT OF THE WORDS). University of South Africa, November 2006. p.304. ; URL: http://uir.unisa.ac.za/bitstream/handle/10500/1340/thesis.pdf?sequence=1  
(14) Ibid.
(15) "Kiskeya, l'île mystérieuse - Déita". Canal Bleu (chaine 38), 15 Novembre 2011. (19:56-20:56). URL: https://www.youtube.com/watch?v=kl8PFUsGW5E ; http://ile-en-ile.org/kiskeya-deita/
(16) Deita (Mercédes Foucard Guignard). La Légende des Loa du Vodou Haïtien. Port-au-Prince, 1993. p.349.
(17) “Max Beauvoir. "Slavery, Boukman, and Independence" in: Revolutionary Freedom: A History of Survival, Strength and Imagination in Haiti. Coconut Creek, 2006. pp.201-204.
(18) Our Voices. "Haïti: Bois Chez l'Imam = "Bwa Kay Imam" En Créole". Posté le 9 juin 2009. URL: http://www.prevalhaiti.com/messages/14969 ; Consulté le 6 avril 2015.
(19) Hérard Dumesle. Voyage dans le Nord d'Hayti ou révélations des lieux et des monumens historiques. Cayes, 1824. p.90.
(20) Ibid.
(21) Coran 16:115



Comment citer cet article:
Rodney Salnave. "Raison de ce blog dit Bwa Kay "Il-Ment" : Origine du mensonge Bwa Kay Iman". 27 août 2016. Modifié le 10 sept. 2017.
[en ligne] Lien permanent : http://bwakayiman.blogspot.ca/2016/08/raison-de-ce-blog-dit-bwa-kay-il-ment.html ; Consulté le [entrez la date]


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