Kay + Iman dans le Créole du Nord



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Auteur : Rodney Salnave
Fonction : Dougan (Scribe)
Date : 16 septembre 2016
(Mise à jour : 17 août 2020)


La plus grande entrave à l'histoire d'Haïti, est que la majorité des Haïtiens analysant cette histoire n'a aucun respect pour elle. Ils éprouvent aucun respect pour les gens ayant façonnés leur histoire. Aucun respect pour ceux à qui ils racontent cette histoire. Et finalement, ils n'ont aucun respect de soi.
C'est ce qui rend extrêmement rare de trouver un Haïtien capable d'analyser un fait historique sans chercher à cacher les parties qui lui déplaisent; ou à exagérer la portée des portions appréciées au-delà de ce que les preuves historiques lui permettent.
Ces tergiversions historiques ont lieu car l'"historien" haïtien sait fort bien que la majorité de ses compatriotes ne fait pas les recherches qui l'aurait permis de découvrir ses manipulations. De plus, il sait que les Haïtiens s'adonnant à la recherche font parti de son cercle d'amis, ou qu'ils fréquentent les mêmes milieux. Ainsi, peu sont les chances qu'un confrère le démente ; de la même manière qu'il s'abstiendra de questionner une mauvaise interprétation historique d'un confrère. Et avenant qu'un brave  osa le contredire, il se prétendra aussitôt "attaquer". Et l'autre n'aura de choix que de se rétracter ou de se battre, parfois physiquement.
Victime de cette conjuration d'intellectuels malhonnêtes, l'histoire d'Haïti est devenue un dépotoir de mensonges et de balivernes, une boite à outils rouillée au service des intérêts politiques et des ambitions personnelles d'énergumènes diplômées.
Un exemple flagrant de ce manque de respect est que - d'après ma propre observation, et je peux me tromper là-dessus - jusqu'ici, il n'y a pas eu d'historiens haïtiens ayant tenu compte sérieusement de la différence linguistique existant entre le Nord de Saint Domingue (Haïti) - siège de la cérémonie du Bois Caïman - et du reste de ce territoire (Ouest, Sud, Centre et Nord-Ouest). Ni, a-t-il eu d'historiens haïtiens ayant pris en considération l'écart lexical entre le Créole en vigueur dans la colonie par rapport au langage moderne.
Précision et respect font parti des pré-requis absents chez l'historien haïtien. Outils de base qui pourtant l'auraient permis de tenir un discours plus conforme à la réalité linguistique des gens ayant faits l'histoire. Malheureusement, ce n'est pas le chemin emprunté. Seul chez les historiens étrangers (la plupart, pas tous) que nous retrouvons un respect des détails historiques. Toutefois, en tant qu'étrangers, certains aspects de la réalité haïtienne les échappent.
C'est donc avec respect pour les Ancêtres, pour l'histoire d'Haïti, pour ceux qui liront ce texte, et pour ma propre personne, que, dans mon analyse de Bois Caïman et de l'insurrection générale de 1791, je tiendrai compte de la particularité linguistique du Créole du Nord par rapport à celui du reste de Saint Domingue (Haïti).
Les preuves linguistiques sont sans équivoque. Elles me permettent d'affirmer que, dans le Créole en usage dans le Nord dominguois en 1791, jusqu'à nos jours, "Kay Iman" faisait uniquement référence au reptile nommé "Kayiman" (Caïman). "Kay Iman" ne signifiait pas la demeure de quelqu'un. Ainsi, "Bwa Kay Iman", ce soit disant boisé "Bwa" au milieu duquel aurait eu une Maison "Kay" appartenant  à un certain "Iman" musulman, qui aurait été Boukman, le révolutionnaire, c'est de la pure fabulation.

Nous basons notre propos sur l'un des premiers dictionnaires Français-Créole (1) :


Ce dictionnaire fut publié en 1802, soit 11 ans seulement après Bois Caïman. Il était cependant écrit passablement du temps avant son année de publication. Ce dictionnaire était incorporé dans un ouvrage intiulé : "Manuel des habitans de Saint-Domingue". Son auteur, S.J. Ducoeurjoly, fut un colon du Nord de Saint Domingue qui connaissait si bien la réalité locale qu'il publia ce guide pour les nouveaux colons.

1- Kay (Caye) ou Kaz (Caze)

Selon ce dictionnaire, dans le Créole du Nord (et du Nord-Est) - dans lequel s'exprimaient Boukman et les révolutionnaires orchestrateurs du Bois Caïman - on appelait maison "Kay" ou "Caze".


"Maison, s.f. Logis, bâtiment pour y demeurer,
Caze ou Caye."
S.J. Ducoeurjoly. Manuel des habitans de Saint-Domingue. Tome 2. Paris, 1802. p.331.

C'était également le cas dans le reste de la colonie (Ouest, Sud, Centre et Nord-Ouest). Mais hormis cela, ces 2 Créoles s'avèrent nettement différents dans leur formulation de la forme possessive. Le Créole du reste de la colonie consiste l'une des langues les plus faciles dans sa forme possessive. La plus part du temps, il suffit de placer 2 mots l'un derrière l'autre pour que soit établi que le premier est la propriété du second. Par exemple, "Kay Iman" voulait dire, dans le Créole du reste de la colonie:
  • a) soit une Maison "Kay" appartenant à "Iman", sans pour autant qu'il l'habite ; 
  • b) soit une Maison "Kay" où demeure "Iman", sans pour autant qu'il en soit le propriétaire ; 
  • c) ou finalement, soit une Maison "Kay" appartenant à "Iman" qui y réside.
Le Créole du Nord de Saint Domingue est beaucoup plus imperméable. En fait, il constitue l'une des langues les plus complexes au monde, en ce qui concerne la forme possessive. C'est tellement vrai que la majorité de ceux qui propagent la fabulation dite "Bwa Kay Iman", quoiqu'ils sont Haïtiens de naissance, ignorent comment s'effectue la possession dans la langue de Boukman. De plus, le mot "Kay" qu'ils utilisent pour signifier la propriété de Boukman, est l'un des mots dont la forme possessive est le plus complexe dans le Créole du Nord. Autrement dit, les révisionnistes, mal nés, sont foutus quoiqu'ils fassent.

2- "Kay a Iman" ou "Kaz a Iman"

On ne disait pas "Kay Iman", dans le Nord de la colonie, pour faire savoir qu'une Maison "Kay" aurait appartenu à un certain "Iman". Pour expliciter qu'une Maison (Caye ou Caze) appartenait à "Iman", cela aurait nécessité ce que j'appelle un "marqueur de possession" entre les 2 mots "Kay" et "Iman". Autrement dit, si dans le reste de la colonie on peut dire "Kay Iman" en référence à une Maison "Kay" dans laquelle un "Iman" vivait, dans le Nord, cette forme linguistique est impossible sans la présence de "a" (l'un parmi onze marqueurs de possession) (2) entre "Kay" et "Iman". Cela produirait donc, non pas "Kay Iman", mais "Kay a Iman" ou "Kaz a Iman" :


"Affermer, v.a. donner à ferme, - j’ai affermé ma terrema maison.
Fermer, - mo fermé terre a moué, - caze à moué."
S.J. Ducoeurjoly. Op. Cit. p.288

3- "Bwa Kote Kay a Iman" ou "Bwa Kote Kaz a Iman"

Cela voulait dire que "Kay Iman" n'est pas conforme au Créole parlé dans le Nord en 1791, et jusqu'à nos jours. Cependant, plusieurs révisionnistes prétendent que "Bwa Kay Iman" serait plutôt une déformation de "Bò Kay Iman", soit, le Boissé à proximité de la Maison de l'"Iman". Cette forme n'est pas non plus conforme au Créyol du Nord dominguois, puisqu'on ne disait pas "bò". Pour désigner "Auprès",  le mot d'usage était "Coté" (Kote, akote ou arebò, dans le Créole nordiste moderne) :


"Auprès, préposition de lieu, - sa maison est auprès de la mienne, - la rivière passe auprès de cette ville, - il vient d'auprès de la place, - votre mal n'est rien auprès du sien.
Coté, - caze a ly coté quien à moué, - rivière la passé coté la ville, - ly sorti côté la place, - mal à vou ly a rien coté tien à ly." 
S.J. Ducoeurjoly. Op. cit. p.294

4- "Bwa LaKay a Iman" ou "Bwa LaKaz a Iman"

Même s'il advenait que "Bwa Kay a Iman" ou "Bwa Kaz a Iman" était linguistiquement valide, cette expression n'aurait pas désignée une demeure, dans le Créole nordiste. Car, si, dans le Créole du reste de la colonie, "Caye" ou "Caze" décrivait la résidence d'une personne, dans le Nord, ce mot référait uniquement au bien mobilier qu'est une Maison. (Example: 1 Maison. 2 Maisons. 3 Maisons.) Le mot "Caye" ou "Case" indiquait nullement là où quelqu'un vivait. C'est pourquoi, le mot français "Maison" fut simplement traduit en "Caze" ou "Caye" par S.J. Ducoeurjoly. Et quant il référait à un lieu de résidence tel que "Chez vous", l'auteur opta pour "La caze" ou "La caye" (Lakay, dans le Créole moderne) :


"Maison, s.f. logis, bâtiment pour y demeurer, - j’ai fait faire deux maisons pour les Nègres, - il y à une maison principale, - va t’en à la maison, - je m’en vais chez moi, à la maison.
Caze ou Caye, - mo fai yo fair deux caze à nègre, - l’y en a nion grande caze, - alé là caze, - mo alé là caze à moué."
S.J. Ducoeurjoly. Op. cit. p.331

La caze à moué (Ma demeure) :



La caze à vou (Votre demeure) :




La caze à ly (Sa demeure ; "Ly", substitué par "Iman", donnerait "La caze à Iman" ) :



Ainsi, "Caze à vou" ou "Caye à vou" référait à une Maison (Kay) que quelqu'un possédait. Aucune précision est donner pour distinguer si le propriétaire y habitait. Par contre, "La Caze à vou" ou bien "La Caye à vou" exprimait que quelqu'un y vivait, quoi qu'il est pas obligé d'etre le propriétaire de cette maison. Autrement dit, pour indiquer la résidence d'un "Iman", on aurait dit : "La Caze à Iman" ou "La Kaye à Iman". Cela donnera : 

A) Bwa La Caze à Iman
Ou bien :
B) Bwa La Kay a Iman

La forme possessive dans le Créole moderne en usage dans le Nord d'Haïti, possède des contractions qui n'existent pas dans le Créole du reste du pays. En usant une contraction, nous obtenons cette autre option :

C) Bwa LaKa Iman

On observe que "Kay Iman" apparaît dans aucune de ces 3 formes du Créole du Nord. "Kayiman" (Caïman), le nom de l'animal, demeure l'unique possibilité linguistique qui existe. Et si certains s'interrogent sur l'existence de Caïmans dans le Nord dominguois, l'auteur S.J. Ducoeurjoly a préalablement traité de cette question dans son livre :


"L’Européen. Il n’y a donc point d’animaux qui soient dangereux?
L’Américain. Il n’a que le cayman, qui est une espèce de crocodile, dont il est facile de se garantir; les reptiles y sont peu communs, et ne sont pas dangereux."
S.J. Ducoeurjoly. Op. cit. p.74.

5- "Nan Iman" ou "Iman"

Ceux qui propagent le mensonge "Bwa Kay Iman" auraient dû savoir qu'en Haïti, "Bwa" + "Kay" n'est pas une combinaison de mots retenue dans les choix de noms de lieux. Ces 2 mots se contredisent. Il aurait été plus pratique d'opter soit pour "Bwa" ou soit pour "Kay". Lorsque l'on veut désigner une Maison "Kay" entourée de verdure "Bwa", généralement, on préfère nommer l'un ou l'autre de ces éléments. En aucun lieu trouvera-t-on l'usage des deux.
De plus, quant il s'agit de nommer en endroit par rapport à une personne, on ne dit pas "Kay" (cela étant incompatible avec le Créole du Nord).  Pour une commerce, on utilisera "Laka" ou "Lakay a". Par exemple : "Laka Fènn" = Chez Fènn ; "Laka Popo" = Chez Popo, etc. Pour nommer une école, se sera : "Laka Mè" = Chez les Religieuses ; "Laka Frè" = Chez les Frères ; "Laka Edit" = Chez Edith, etc. Parfois, le nom d'une personne est simplement attribué à une zone. Par exemple : "Man Malèrb" = Madame Malerbe (nom d'une zone qui abritait une source d'eau proche du Cap. L'usage le plus répandu dans l'attribution des noms de lieux (particulièrement pour les zones rurales) est "Nan". Par exemple : "Nan Dekinn"portant le nom de la famille (Deetjen ; se prononçant "Dekinn") de la Petite-Anse. Ainsi, "Nan Iman" est plus probable comme choix de nom, si l'on voulait désigner une Maison "Kay" habitée par un "Iman". À moins que l'on ne appela le lieu tout simplement "Iman".


6- "Nan Mori"

Le mensonge "Bwa Kay Iman" provient, comme nous l'avons démontré dans un article précédent, d'une falsification de l'intellectuel français Gérard Barthélémy qui, en 1990, cherchait à saboter l'anniversaire des 200 ans de Bois Caïman. Il sorti un article qui fut le premier à présenter Bois Caïman comme musulman. (3) Son texte s'appuya sur 2 à 3 articles paru entre 1965-1970. (4-5) Ces articles ont dressé le portrait d'un groupe d'Haïtiens vivant à Balan (Plaine du Nord) et qui perpétuèrent un rite ancestral mandingue. (Nous en parlerons ultérieurement afin de prouver que les Haïtiens de souche mandingue ne sont pas musulmans.) Le point que nous traitons présentement est que les 2 à 3 articles  étudiant des gens de Balan ont déclaré que les Haïtiens pratiquant le rite mandingue nomment leur chef spirituel "Mori" - et non "Iman". (6) Par conséquent, si Boukman était un Mandingue musulman, sa demeure aurait reçu le nom de "Nan Mori". Or, ce n'est pas le cas. Et nous n'avons pas non plus "Bwa Kay Mori", ni "Bwa Kay a Mori". Donc, quand on sait que le titre "Mori" connu à Balan est toujours en vigueur chez les Mandingues d'"Afrique" de l'Ouest, (7) nous pouvons dire que "Bwa Kay Iman", au contraire, repose sur aucune vérité historique et linguistique vérifiable sur le terrain.

7- "Nan Almami"

La blague "Bwa Kay Iman" se base sur le mot "Iman" qui devrait signifier "Imam", titre accordé à un chef spirituel islamique. Toutefois, cela cause problème, puisque nulle part en "Afrique" peut-on trouver un peuple nommant son leader "Iman" ni "Imam", titre en provenance du Moyen Orient. Or, les captifs (esclaves) dominguois furent kidnappés en "Afrique" et non au Moyen Orient. D'ailleurs, "Almamy" est le titre commun en "Afrique" pour le chef spirituel chez les peuples islamisés. Les Mandingues en faisaient pas exception, quoiqu'ils nommaient "Mori" ces chefs qui mêlaient la Tradition ancestrale et certaines prières musulmanes à des fins magiques. Ainsi procèdent la majorité des Manbo et Houngan haïtiens mêlant Tradition ancestrale, prières et icônes catholiques, sans pour autant que cela fasse d'eux des mères ou pères catholiques. Ce diction mandingue suivant explique la différentiation de titres qui naquit du syncrétisme :

"Alimami ye mori ye, nka mori bɛɛ tɛ alimami ye.(8)

Cela équivaut à : L'Almamy est un Mori. Mais tout Mori n'est pas Almamy. Il revient à dire que l'Almamy est un véritable musulman. En dépit du fait qu'il fait usage de prières coraniques, le Mori, est très limité dans sa connaissance de la doctrine musulmane orthodoxe. En fait, le Mori sait juste ce qu'il lui est nécessaire dans l'islam pour aider à sa magie. Donc, si Boukman était un véritable chef islamique et un Mandingue, sa demeure aurait porté le nom de "Nan Almami". Or, ce n'en fut pas le cas. Pour jouer le jeu, nous nous aurons contenté de "Bwa Kay Almami", "Bwa Kay a Almami", "Bwa Lakay a Almami" ou encore "Bwa Laka Almami". Même "Bwa Laka Mami" aurait pû servir de signe d'une certaine islamisation dans le non du lieu. Mais, malheureusement, les fabulations historiques, toutes épatantes qu'elles soient, s'écroulent aisément sous la loupe scientifique.

8- "Nan Alfa"

Mettons de côté la théorie mandingue, pour envisager, hypothétiquement, que Boukman était un musulman d'ethnie peule (Foula dans la Tradition haïtienne). Même dans cet autre cas, le "titre" d'"Iman" ne lui aurait pas été attribué. L'ancien colon Descourtilz, ayant été en contact avec des membres de la Nation Foula ; dévoila que ceux d'entre eux qui furent islamisés n'appelaient pas "Iman" leur chef spirituel. Son titre était "Alpha". (9) Et jusqu'à présent, "Alpha" ou "Alfa" demeure une qualification des chefs spirituels et politique chez cette ethnie d'"Afrique" de l'Ouest. (10) Cela revient à dire que si Boukman était un musulman d'ethnie foula, on aurait désigné sa demeure de "Nan Alfa" au lieu de "Bwa Kay Iman" qui  ne fait aucun sens.


9- "Nan Lemomou"

Étendons notre cas hypothétique d'un Boukman musulman à ceux de l'ethnie Yoruba qui se sont convertis tardivement à l'islam à partir du 19ème siècle chrétien (après l'indépendance d'Haïti). Ces Yoruba (dits Nago dans la Tradition haïtienne) islamisés dans la région de Lagos au Nigeria, ne nommaient pas non plus leur chef spirituel "Imam", ni "Iman". Le nom par lequel ils l'interpellaient était : "Lemomu". (11) Et suivant la logique de l'appellation des lieux dans le Créole haïtien, nous obtiendrons non pas "Bwa Kay Iman", mais "Nan Lemomu" ou plutôt "Nan Lemomou" comme nom de son lieu de résidence.

10- "Nan Aloufa"

Toujours est-il que l'histoire repéra des Yoruba (Nago) islamisés au Brésil, dont les chefs spirituels furent attribués le titre de Alufa. (12) Ce titre, connu également chez les Yoruba du continent "africain", résonne amplement dans le lexique haïtien. Cela nous porte à croire qu'une minorité de Yoruba (Nago) à Saint Domingue pratiquait le culte islamique. Si au Brésil, ils se distinguaient par l'appelation ìmàle, qui deviendra Malê ; à Saint Domingue, on les croyait une Nation à part entière surnommée Malé, Malet, Malais, Mallais, Mallay, etc. Ce qui brouilla les pistes considérablement. Et leurs leaders furent également nommés Alufa (Aloufa en Créole haïtien). Nous traiterons ultérieurement des implications linguistiques de ce titre. Mais dans le contexte ici traité, le lieu de résidence d'un tel leader islamique aurait été, non pas "Bwa Kay Iman", mais "Nan Alufa" ou "Nan Aloufa".

11- "Nan Mállami" ou "Nan Mallamái"

L'ethnie Haoussa (Hausa), islamisée et vivant principalement au Nigeria, au Niger, en Côte d'Ivoire et au Bénin, se trouvait en nombre peu négligeable à Saint Domingue. Dans cette colonie française, leurs noms s'écrivait de mille manières. Chez eux, les Haoussa musulmans désignaient leurs chefs religieux, non pas imam, ni iman, mais plutôt "Mállami" au singulier, et "Mallamái" au pluriel. (13) Par conséquent, la formulation "Bwa Kay Iman" proposée par les révisionnistes ne s'applique pas à eux. Car, le lexique Haoussa nous exigerait "Bwa Kay Mállami" en lien avec la demeure d'un chef religieux, et "Bwa Kay Mallamái" s'il s'agirait de plusieurs chefs. Le nom de l'ethnie Haoussa lui-même cache d'autres attributs que nous développerons dans le dernier article de la série.


12- Trou Kayiman

Nous devons attirer l'attention sur Trou-Caïman, emplacement à l'ouest de Port-au-Prince, où, le 30 août 1791, à peine une semaine après l'insurrection générale, les Affranchis (Noirs et Mulâtres libres) de l'Ouest se sont réunis :
"Le 30 août 1791 : Les Affranchis établissent leur quartier général à Trou Caïman dans la plaine du Cul-de-Sac : eux aussi ils entendent organiser la bataille et prendre en main la dircetion des affaires du pays.(14)
Avant de se rendre à Trou-Caïman, les Affranchis ont fait chanté, un Te Deum, pratique catholique :
"Après la victoire de Pernier, l’armée des hommes de couleur se rendit à la Croix-des-Bouquets où elle fit chanter un Te Deum pour remercier le Tout-Puissant de ses succès sur les hommes injustes qui, loin de vouloir reconnaître les droits que la classe de couleur tenait de l’Auteur de toutes choses, s’étaient proposé de l’anéantir. (…) Le premier sentiment qu’éprouvaient les vainqueurs de Néret et de Pernier, était celui de la reconnaissance envers le Dieu des armées, qui leur avait donné le courage et la force pour appuyer leurs droits. Ce sentiment honore leur mémoire.
Ensuite, cette armée poursuivit sa route et fut camper au Trou-Caïman.(15)
Puisque lorsque les Affranchis de l'Ouest se sont réunis à Trou-Caïman, ils ne l'ont pas fait à "Trou Kay Iman" (à savoir dans un "Trou" au fond duquel se trouvait une Maison "Kay" dans laquelle résidait un "Iman"), alors, pourquoi est-ce seulement Bois Caïman, la rencontre des rebelles du Nord, de la semaine précédente, qui est peut être déformée et islamisée en "Bwa Kay Iman"?

13- Rue du Caïman

Du temps de la colonie, au Port-de-Paix (Nord-Ouest), le 14 avril 1770, soit 21 ans avant Bois Caïman et l'insurrection générale, se trouva "la rue du Caïman" :

"Un emplacement sis au Port-de-Paix, de 120 pieds de face sur 150 de profondeur, coupé par la levée où abouti la rue du Caïman, en deçà du pont; ce qui forme deux Emplacemens, l’un au nord de la levée, de 120 pieds de face sur 50 de profondeur du côté de l’est & 60 de l’ouest, l’autre au sud de ladite levée, de 120 pieds de face sur 100 de profondeur du côté de l’est & 90 de l’ouest : on les vendra aussi ensemble ou séparément. Il faut s’adresser audit Sieur Tendron." (16)
Est-ce que cette annonce nous porte à dire que les colons français étaient des musulmans pendant tout ce temps sans qu'on le sache? À moins qu'il se trouvait un "Iman" mandingue qui possédait une Maison "Kay" sur cette rue ; et qui exigea des colons qu'ils nomment la rue après lui. Car, nous doutons qu'il y avait des Caïmans déambulant en pleine rue de Port-de-Paix.

14- Caïman, chef rebelle

Si "Kayiman" équivalait à "Kay Iman", alors, comment ce fait-il qu'à la même année de 1791, il y avait un chef rebelle du nom de "Caïman"? :
"Dans l’Ouest, les ateliers de l’Arcahaie, le Cul-de-Sac, de Léogâne, se soulèvèrent et se vidèrent sur les Maheux, le Trou-Caïman, les montagnes du Grand-Fond, d’où les révolés guerroyèrent sans ensemble, sous les ordres des chefs : Hyacinthe, Halaou, Caïman, Lamour Dérance, Dieudonné Lafortune, Pompée, Romaine la Prophétesse, La plume." (17)
"Caïman" ou "Kayiman", ce chef rebelle, était-il donc un "Iman" qui faisait la guerre avec une Maison "Kay" sur la tête? Ou bien, est-ce que cette Maison "Kay", il la tenait en dessous du bras comme Alaou (qu'aussi on prétend musulman) qui se promenait en permanence avec un coq blanc magique sous les aisselles. Était-ce là une pratique islamique innovatrice, jusque-là inconnue? Faut pas non plus oublier de soulever la présence de Romaine La Prophétesse qui fut un homme habillé en femme car il continuellement possédé par la Vierge Marie. Si "Caïman" et Alaou étaient musulmans, comment expliquer qu'ils avaient comme compagnon d'arme un travesti en Romaine La Prophétesse?

15- Serment ou Prière de Boukman 

Finalement, même ce qu'on nomme le "Serment" ou la "Prière de Boukman" n'est pas conforme au Créole en usage dans le Nord de Saint Domingue. Ce "Serment" ne fut qu'une poésie qu'Hérard-Dumesle, un politicien des Cayes (Sud), publia en 1824. (18) Il s'est inspiré d'un discours prononcé au Morne Rouge. Mais l'auteur n'a pas confirmé qu'il fut prononcé par Boukman qu'il reconnaissait pourtant comme l'organisateur de cette rencontre. Quoiqu'Hérard-Dumesle fit enquête dans le Nord, et qu'il était doté d'une mémoire phénoménale, (19) ce ne fut guère suffisant pour qu'il puisse apprivoiser la forme possessive du Créole nordiste.

Voici la poésie telle qu'écrite par Hérard-Dumesle, dans son Créole du reste d'Haïti en 1824 :


Bondié qui fait soleil, qui clairé nous en haut,
Qui soulevé la mer, qui fait grondé l’orage,
Bon dié la, zot tandé? caché dans youn nuage,
Et la li gadé nous, li vouai tout ça blancs faits !
Bon dié blancs mandé crime, et part nous vlé bienfaits
mais dié là qui si bon, ordonnin nous vengeance ;
Li va conduit bras nous, la ba nous assistance,
Jetté portrait dié blancs qui soif dlo dans gié nous,
Couté la liberté li palé cœurs nous toùs.

Cette poésie créole d'Hérard-Dumesle se traduit ainsi en Français :

Le Dieu qui fit le soleil, qui nous éclaire là haut,
Qui soulève la mer, qui fait grondé l'orage,
Ce Dieu là, écoutez bien? caché dans un nuage,
De là, il nous observe, li voit tout ce que les blancs on fait !
Le Dieu des blancs exige des crimes, et le nôtre veut des bienfaits
mais ce Dieu qui est si bon, nous ordonne la vengeance ;
Il conduira nos bras, il nous assistera,
Jetez le portrait du Dieu des blancs qui a soif de nos pleurs,
Écoutez la liberté, il parle à tous nos coeurs.

Voila la correction rendant cette poésie conforme au Créole du Nord de Saint Domingue en 1791 :

Bondié qui fait soleil, qui clairé nous en haut,
Qui soulevé la mer, qui fait grondé l’orage,
Bon dié la, zot tandé? caché dans youn nuage,
Et la li gadé nous, li vouai tout ça blancs faits !
Bon dié à blancs mandé crime, et quien à nous vlé bienfaits
mais dié là qui si bon, ordonnin nous vengeance ;
Li va conduit bras à nous, la ba nous assistance,
Jetté portrait à dié à blancs qui soif dlo dans gié à nous,
Couté la liberté li palé ak cœurs à nous toùs.

Voici l'illustration de notre argument, dans un texte colonial en provenance de la jadis province du Nord ; plus précisément en provenance du département du Nord-Est actuel qui, avec les départements du Nord et du Nord-Ouest actuels, composaient la province du Nord. Mais contrairement au département du Nord-Ouest dont le Créole se rapproche, dans sa forme possessive, du Créole du Centre et du reste d'Haïti, le Créole du département du Nord-Est est identique à celui du département du Nord, grâce à l'accessibilité géographique


 "Ils appelaient la sainte hostie bon Dieu à blanc." (20)
Ainsi, les captifs du Nord-Est qualifiaient la pratique religieuse des colons de "bon Dieu à blanc" (le Dieu des blancs). Ils ne disaient pas "bon Dieu blanc", comme le proposent Hérard-Dumesle, les révisionnistes et les créolophones cloisonnés du reste d'Haïti.

16- Savane à Polidor

Toujours au Nord Est de Saint Domingue, nous retrouvons un lieu désigné Savane à Polidor :

"Ce camp, situé à environ 3 lieues 1/2 de la mer, à 7 lieues du Cap et à 6 du Fort-Dauphin, au devant de l'habitation Narp et dans la partie de la savane appelée Savane à Polidor, était composé d'un front de 11 cases ayant chacune 60 pieds de long..." (21)
Cette Savane à Polidor réfère non pas à la repère du chef marron (ou fugitif) Polidor, mais plutôt à la savane où il fut tué en juin 1734. (22) Dans ce cas, le marqueur de possession "à", conservé dans le Créole du Nord et du Nord Est, attribut symboliquement la "Savane" au chef rebelle "Polidor", pour mémoriser son décès à ce lieu. Une telle attribution ne s'applique pas à Boukman par rapport au Bois Caïman, ni au Morne Rouge, étant donné que Boukman périt à l'Acul du Nord. 

Donc, quel qu'en soit l'angle sur lequel on l'aborde, "Bwa Kay Iman" n'est pas compatible avec le Créole du Nord. Dommage pour les habitants du reste du pays qui se sont prétendus historiens afin d'improviser sur "Bwa Kay Iman". Ils croyaient pourtant répandre la vérité, alors qu'ils n'exposaient que leur arrogance et leur ignorance.
 

17- Nan Lenormand, Lenormand ou Normand

De tous les noms proposés pour désigner le lieu de rencontre des comploteurs d'août 1791, le nom courant de l'habitation située au Morne Rouge reste la plus documentée et la plus crédible. Car, en effet, Boukman, le 14 août 1791, s'est réuni à l'habitation Lenormand de zy. (23) Et cet endroit ne référait pas à lui. D'une part parce que Boukman habita à l'Accul du Nord et non au Morne Rouge. D'autre part, parce que le lieu ne lui appartenait pas, ni à aucun des comploteurs. Ce fut plutôt la propriété du colon français Sébastien Lenormand de Mézy. (24) 
Et à la veille de la Bataille de Vertières, l'attaque finale de la Révolution haïtienne, le Commandant en Chef, Jean-Jacques Dessalines, consolida l'historique révolutionnaire de cette habitation Lenormand de Mézy. Il y fit son quartier général et y organisa la rencontre-prière finale de l'armée révolutionnaire, le 15 novembre 1803. (25) Donc, à quoi bon inventer un nom à un lieu qui en a déjà un? Ce nom fut et demeure Habitation Lenormand de Mézy, Lenormand, ou Normand tout court, comme encore les résidants le nomment.
Bois Caïman fut d'ailleurs imposé comme nom par les lettrés et gens de l'extérieur. Car, les résidants avouent connaître en réalité que Lenormand de Mézy comme appellation de toute la zone. Mais hélas, ceux-là même qui prétendent valoriser l'histoire orale, refusent de prêter l'oreille aux voix locales, ni à leurs tambours ancestraux qui pourtant ne cessent de résonner fièrement en ce lieu légendaire.

Cette photo-ci illustre notre point. Elle est extraite d'un film de jeunes intellectuels haïtiens en visite au Morne Rouge, à l'habitation Lenormand de Mézy, en 2019.

(Houngan Zaza face à des intellectuels révisionnistes au "Bois Caïman")
Source : Romanie St-Armand. "Bwa Kay Iman". Lien permanent : https://www.youtube.com/watch?v=wIyHWli3N18 ; Capture : 03:05:20

1) Le jeune debout, habillé en rouge : un intellectuel révisionniste visiteur au Morne Rouge, argumente que le nom de la zone est "Bwa Kay Iman", et non pas Bois Caïman ; et que la cérémonie révolutionnaire qui y fut tenue fut de nature musulmane. En appuie de son affirmation, il évoqua un auteur obscure qui aurait publié cela. Il n'a certainement fourni aucune preuve tangible. Parce qu'il n'en existe pas. Car, depuis 1965 que cette thèse révisionniste fut entamée par Gerson Alexis, et par la suite instrumentalisée par les Français Barthélémy et Najman, aucune preuve irréfutable ne fut avancée.
2) Le vieux assis, de rouge vêtu : Frantz Jean Raymond, dit Houngan Zaza, est un natif des lieux dont il est le responsable depuis des décennies. Il a résisté aux "croisades" protestants, et fut même emprisonné en août 2012 pour avoir célébré la cérémonie révolutionnaire par un rituel traditionnel. Ici, il répliqua au jeune qu'il suit uniquement les preuves. Et que ces preuves démontrent que l'ensemble de la zone se nomma Habitation Lenormand de Mézy. Car "Bois Caïman" (qui fut ensuite déformé en "Bwa Kay Iman") est un nom amené par les intellectuels.
3) En arrière-plan, l'enseigne lit : "Wayom Vodou" (Royaume Vodou). Et n'apparaissant pas dans le cliché est le son du tambour d'une cérémonie traditionnelle en cours, qui souvent couvre le dialogue. Mais pourtant, le jeune intellectuel haïtien en question se montre incapable d'observation directe qui lui aurait permis de considérer ces indices palpables de l'antécédent traditionaliste - non islamique - du lieu visité.
4) L'appel aux preuves du Houngan (officiant traditionaliste) Zaza, renvoie à la réplique, en 1991, de Madame Durand, la Manbo (officiante traditionaliste) responsable du lakou Nan Kanpèch (Nan Campêche). Lorsque le révisionniste Charles Najman la pressait de justifier un lien entre la cérémonie du Bois Caïman et Nan Kanpèch, elle souleva l'insuffisance de preuves, et se tourna, pour contraster, vers Dédé Magritte dont la tombe encore existante prouvait sa présence historique à cette espace :
"J'interroge néanmoins Madame Durand sur les liens secrets qui semblent unir le sanctuaire à la cérémonie du Bois Caïman : « Les vieux nous disent que Boukman avait fait une "demande” ici à Nan Campèche. Boukman serait allé ensuite célébrer le service au Bois Caïman. Je ne sais pas si c'est vrai... Nous n'avons aucune preuve écrite, sinon tout le monde le saurait. Tandis qu'ici, c'est la tombe de D. D. Magritte. Pour moi, c'est une preuve. Mais en ce qui concerne Boukman, je ne peux que répéter ce que les vieux m'ont raconté. » Devant mon insistance, la prêtresse du sanctuaire ajoute : « Nan Campèche, c'est un lieu très pur. Même les gens qui viennent ici doivent être purs. Sinon on les met dehors. Parce que le rite que nous suivons est ainsi. Nous le suivons fidèlement et cela jusqu'à la fin des temps... » ". (26)
Comme quoi, moins les Haïtiens sont instruits, plus ils exigent des preuves. Et ironiquement, plus ils sont instruits, plus ils sont ouverts aux théories absurdes qu'aucune preuve ne supporte. Car gavés dès la petite école aux discours dogmatiques, à la récitation, et au culte de la personnalité qui anéantissent l'esprit critique et scientifique.



Notes
(1) S.J. Ducoeurjoly. Manuel des habitans de Saint-Domingue. Tome 2. Paris, 1802. pp.283-393.
(2) Rodney Salnave. Kreyòl Ayisyen Nan Nò ak Nodès. Inédit.
(3) Gérard Barthélémy. "Propos sur le Caïman: Incertitudes et hypothèses nouvelles" in: Chemins Critiques, Vol. 2. No3, Mai, 1992. pp.33-58.
(4) R.P. Carl Édouard Peters. « Société mandingue », in : Revue de la Faculté d'ethnologie. No. 10. Port-au-Prince, 1965. pp.47-50.
(5) Gerson Alexis. « Aperçu sur les Mandingues haïtiens », in : « Lecture en anthropologie haïtienne », Port-au-Prince, 1970. pp.173-185.
(6) Ibid.
(7) Dictionnaire Bambara (Mandinka) en ligne. http://www.bambara.org/lexique/lexicon/main.htm
(8) Ibid.
(9) M. E. Descourtilz. Voyages d’un naturaliste et ses observations, Tome 1, Paris, 1809, p.lv- lvj
(10) http://pular.webonary.org/

(11) Stefan Reichmuth. "Education and the Growth of Religious Associations among Yoruba Muslims: The Ansar-Ud-Deen Society of Nigeria." in  : Journal of Religion in Africa, Vol. 26, Fasc. 4 (Nov., 1996), pp. 365-405.
(12) João José Reis, Flávio dos Santos Gomes, Marcus J. M. de Carvalho. The Story of Rufino Slavery, Freedom, and Islam in the Black Atlantic. (Translated by H. Sabrina Gledhill). New York, 2020. p.5.
(13) James Frederick Schön. Dictionary of the Hausa Language. London, 1876. p.154.
(14) Gérard Desnoyers Montès. La lutte des Affranchis, Montréal, 2000. p.197.
(15) Beaubrun Ardouin. Études sur l'histoire d'Haïti…Volume 1. Paris, 1853. p. 207.
(16) Les Affiches Américaines du samedi 14 avril 1770, parution n.15, (Avis N.15).
(17) Étienne D. Charlier. Aperçu sur la formation historique de la Nation haïtienne. Port-au-Prince, 1954. p.54.
(18) Hérard-Dumesle. Voyage dans le Nord d'Hayti ou révélations des lieux et des monumens historiques. Cayes, 1824. p.88.
(19) Saint-Rémy. Mémoires du général Toussaint-Louverture. Paris, 1853. p.101.

(20) Barrière de Vaublanc. Mémoires de M. le comte de Vaublanc. Paris, 1857. p.110.
(21) M.L.E. Moreau de Saint Méry. Description topographique, physique, civile, politique..., Tome 1. Philadelphie, 1797. p.172.
(22) Ibid. p.175.
(23) Beaubrun Ardouin. Études sur l'histoire d'Haïti... Volume 1. Op. Cit. p.229.
(24) P. Boissonnade. "Saint Domingue à la veille de la révolution. Et la question de la représentation coloniale aux états généraux (Janvier 1788-7juillet 1789)" In : Société des antiquaires de l'Ouest. Bulletins et mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest. Tome 24. 1905. Paris, 1905. pp.283-579. (p.333)
(25) Beaubrun Ardouin. Études sur l'histoire d'Haïti... Volume 5. Paris, 1854. p.454.
(26) Charlie Najman. Haïti, Dieu seul me voît. Paris, 1995. p.185.



Comment citer cet article:
Rodney Salnave. "Kay + Iman dans le Créole du Nord". 16 sept. 2016. Modifié le 17 août 2020.
[en ligne] URL: http://bwakayiman.blogspot.ca/2016/09/kay-iman-dans-le-creole-du-nord.html ; Consulté le [entrez la date]
 

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